André Jolivet
André Jolivet, un univers musical
| Les manuscrits et documents de travail du compositeur André Jolivet ont fait l'objet de plusieurs acquisitions et d'une dation en paiement de droits de succession dont a bénéficié le département de la Musique de la BnF. Une exposition présente ce riche ensemble dans un parcours évoquant à la fois la vie et l'œuvre du compositeur. | Né le 8 août 1905 à Paris, André Jolivet (1905-1974), jeune instituteur passionné de théâtre et de peinture, aborde la musique assez tardivement. Paul Le Flem l'initie à la fugue et au contrepoint et lui fait rencontrer Edgar Varèse avec lequel il se perfectionne en orchestration et composition. En association avec d'autres jeunes compositeurs – Daniel-Lesur, Yves Baudrier, Olivier Messiaen – qui veulent penser une musique nouvelle, en marge du dodécaphonisme ou du néo-classicisme, André Jolivet établit les bases de son esthétique en assignant avant tout à la musique une valeur humaniste fondamentale. Manuscrit autographe du Concerto pour Ondes Martenot, composé en 1947, et créé à Vienne le 23 avril 1948. Nommé directeur de la musique à la Comédie-Française en 1945, il y reste jusqu'en 1959. Sa carrière de chef d'orchestre l'entraîne ensuite dans le monde entier. En 1966, il succède à Darius Milhaud au Conservatoire de Paris comme professeur de composition. Au travers de plus de deux cents œuvres, Jolivet explore tous les genres (musique pour solistes, petit ensemble ou grand orchestre, musique de chambre ou œuvres lyriques), tous les instruments et tous les répertoires. Un compositeur au langage très personnel Le parcours de l'exposition permet un cheminement à travers trois parties. En première partie, enfance, jeunesse, formation, influences et amitiés sont abordées par le biais de nombreux documents tels que photographies, lettres autographes, manuscrits, etc. Une deuxième partie illustre les rapports d'André Jolivet avec la scène, en proposant une sélection d'œuvres écrites ou adaptées pour le ballet de l'Opéra de Paris (Guignol et Pandore, Le Concerto pour piano, Marines), ou encore conçues ou arrangées pour les pièces du répertoire de la Comédie-Française (Le Malade imaginaire, Mithridate). Les œuvres scéniques sont évoquées par leur relation avec les manuscrits musicaux et un choix de maquettes de décors et de costumes. Manuscrit autographe du Concerto pour ondes Martenot, composé en 1947, et créé à Vienne le 23 avril 1948. La troisième partie est plus particulièrement consacrée au “compositeur au travail” et retrace les différentes étapes de l'élaboration d'œuvres majeures du compositeur : notes, esquisses, mises au net des manuscrits, épreuves corrigées, échanges épistolaires avec les collaborateurs. Mana, son œuvre phare pour piano, a été directement inspirée par six objets qui lui furent donnés par Edgar Varèse et qui sont ici exposés, entourés des pièces évoquant la création de l'œuvre. Sont tour à tour évoqués : le Premier Concerto pour violoncelle et orchestre, la Deuxième Symphonie, les Cinq Danses rituelles, la Messe pour le jour de la paix, le Concerto pour orchestre et ondes Martenot, les Cinq Incantations pour flûte, formant ainsi un parcours à travers l'œuvre de ce compositeur au langage très personnel. André Jolivet, dont le centenaire de la naissance est cette année célébré, sut rester fidèle à son esthétique où dominent la puissance expressive, l'inventivité de la combinaison des timbres et de l'exploration harmonique et rythmique. Il laisse aujourd'hui l'image d'un esprit libre, convaincu de la fonction universelle de l'art. | Marie-Gabrielle Soret, en collaboration avec Florence Groshens