Le Figaro - Musique : Musique: instruments rares, instruments monstres
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Musique : instruments rares, instruments monstres
Au Châtelet, Jean-François Zygel présente des concerts qui donnent à entendre les mal-aimés de l'orchestre.
Ils sont vieux de cinq siècles ou de quelques dizaines d'années. Certains sont relégués au musée. Ils n'en sortent qu'à titre exceptionnel, à l'instar de l'octobasse conçue pour Berlioz. D'autres, comme le serpent, ont bénéficié avec le renouveau baroque d'un regain d'intérêt. Tous ont en commun d'être des mal-aimés de l'orchestre, regardés par le public d'aujourd'hui avec curiosité et, parfois, avec dédain. «Une erreur, déplore le pianiste et musicologue Jean-François Zygel, qui leur consacre, depuis plusieurs années, une partie de ses émissions. La musique classique ne vit que dans la conservation ou la reproduction. J'ai toujours eu l'intuition que si nous n'avions pas émoussé notre curiosité pour les timbres et la facture instrumentale, en épousant une esthétique conventionnelle héritée du XIXe siècle, l'intérêt pour le grand répertoire serait peut-être bien plus vivace.» Les ondes Martenot, inventées dans les années 1920, sont l'ancêtre du synthétiseur. Crédits photo : Jacques Piffret En 2008, il n'avait pas hésité, dans son premier disque d'improvisations chez Naïve, à faire dialoguer le piano ou le célesta avec l'harmonica (ou armonica) de verre. Instrument que l'on retrouve dans sa nouvelle série de «Concerts de l'improbable», au Châtelet. Il donne à entendre les pièces écrites par Carl Philip Emmanuel Bach pour l'instrument finalisé au XVIIIe siècle par Benjamin Franklin. L'harmonica de verre a été inventé par Benjamin Franklin. L'harmonica de verre, comme les ondes Martenot, inventées dans les années 1920, sont des instruments que l'on entend à nouveau aujourd'hui (sans toujours les reconnaître). «Mais jusqu'aux années 1970, l'harmonica de verre était typique des instruments qu'on ne trouvait plus que dans des musées. Sa fabrication s'était arrêtée en 1835 et n'a repris que récemment», explique Thomas Bloch, qui a collaboré avec des artistes aussi divers que John Cage, Tom Waits ou Radiohead. Il est l'un des quatre ou cinq interprètes dans le monde à pratiquer cet instrument. Il s'est aussi fait une spécialité d'autres instruments rares comme les ondes Martenot ou le cristal Baschet.Comme un petit garçon
Verra-t-on un jour renaître certains instruments monstres comme le double piano à queue des frères Mangeot? L'octobasse de Berlioz a bien un avatar contemporain, tout juste sorti des ateliers de Mirecourt où elle est exposée jusqu'au 31 décembre. Quant aux limites supposées de ces instruments rares, Thomas Bloch constate que «l'apparition du synthétiseur et l'avènement du numérique n'ont pas empêché les musiciens de s'intéresser aux ondes Martenot». Il se souvient avec émotion du jour où il a présenté à Jonny Greenwood, du groupe rock Radiohead, sa professeur d'ondes Martenot, Jeanne Loriod, belle-sœur d'Olivier Messiaen. «Il était béat comme un petit garçon devant le père Noël!» Prochain «Concert de l'improbable» au Châtelet: Pour en finir avec Schubert, le 16 janvier à 20 h 30. www.chatelet-theatre.com