Turangalîlâ mon amour
Musique symphonique
SWR Sinfonieorchester
[Paris] Turangalîlâ mon amour
La Scène Musique symphonique Pays : FRANCE Région : ILE DE FRANCE Voir aussi le dossier 2008, l'année Messiaen Imprimer l'article Tous les articles de Maxime Kaprielian
Paris, salle Pleyel. 1-II-2008. Olivier Messiaen (1908-1992) : Turangalîlâ-symphonie. Roger Muraro, piano ; Valérie Hartmann-Claverie, ondes martenot ; SWR Sinfonieorchester, direction : Sylvain Cambreling.
Œuvre phare de Messiaen, entrée au répertoire symphonique, donnée pas moins d'une soixantaine de fois cette année, la Turangalîlâ-symphonie sera au moins jouée trois fois salle Pleyel en 2008. Premier acte ce soir avec Roger Muraro et Valérie Hartmann-Claverie, fortement sollicités cette année dans cette symphonie-fleuve de 80 minutes.
Sylvain Cambreling opte pour un « ni trop ni trop peu » constant. Sa vision de la Turangalîlâ-symphonie ne déborde pas d'amour ni de joie sans verser dans la lecture froide et analytique. Tout est pesé, mesuré, dosé. Les forte - dont le fameux « thème-statue » - ne sont jamais tonitruants. On a entendu des scherzos (les mouvements n° 5 et 10) plus dionysiaques, mais rarement un orchestre sonner de manière tant homogène dans cette œuvre. Loin de tout délire orgiaque de couleurs instrumentales, Cambreling cherche scrupuleusement à édifier cette gigantesque sculpture sonore sans aspérités, tel un massif imposant. Son orchestre - le SWR Sinfonieorchester - excelle dans ce répertoire, dont il est familier. Les cuivres brillent sans brailler, les bois ne sont jamais noyés dans la masse, les percussions - fort nombreuses - ne couvrent pas les autres instruments, et le pupitre de cordes n'appelle que des éloges.
Les solistes ne sont pas en reste. Valérie Hartmann-Claverie joue par cœur une partition qu'elle sert avec maestria depuis longtemps. Son interprétation ce soir est plus discrète, plus fondue dans la masse orchestrale que celle donnée en 2005 avec l'Orchestre National de France. Roger Muraro confirme sa position incontestable de spécialiste de l'œuvre de Messiaen, à l'aise pendant l'intégralité de ce marathon musical, sans donner un instant un signe de faiblesse. Yvonne Loriod, veuve du compositeur et créatrice de la Turangalîlâ-symphonie, présente dans la salle, a pu saluer son digne héritier spirituel. Accueil final délirant de la part du public, avide de rappels. Séance de rattrapage pour les absents : Festival d'Aix-en-Provence, mêmes solistes, même orchestre, même chef.
Mais dans une œuvre qui se réclame « symphonie », pourquoi vouloir à se point positionner le piano en soliste de concerto ?
Le même concert la veille à Dijon
Crédit photographique : Sylvain Cambreling © DR
par Maxime Kaprielian
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