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La suite du week-end de spectacles gratuits («Porte ouverte») de Radio France rendait pleinement justice à la thématique «Musique et nature» retenue pour ces trois journées, même si, entre oiseaux et pastorales, il s'agissait ici d'une vision plutôt naïve ou idéalisée de la nature, celle de citadins s'évadant de l'agitation urbaine, ainsi que l'analyse fort justement François-Gildas Tual, dans les toujours riches notes de programme généreusement mises à disposition du public: Le rat des villes et le rat des champs, Poète et paysan et La ferme célébrités... et si l'on avait construit les villes à la campagne?
Parmi l'abondant répertoire suscité de tout temps par les oiseaux , Le Colibri (1961), «féerie radiophonique» de Tomasi sur un livret, quasi allégorique et écologiste avant la lettre, de Francis Didelot, met en scène un jeune garçon qui, après avoir mis en cage ledit colibri, subit les justes récriminations d'une nature incarnée par un chœur d'enfants et prend alors conscience de son forfait. Difficile de ne pas penser à Ravel, voire à Messiaen: l'action et la musique rappellent, jusqu'au sifflet à coulisse, L'Enfant et les sortilèges, mais les pépiements des xylophones, la présence d'un choeur d'enfants et, il faut bien le dire, le texte ampoulé suggèrent également le compositeur des Trois petites liturgies de la présence divine.
Tomasi a composé une partition de vingt-cinq minutes, spontanée et efficace, destinée à un ensemble sui generis qu'il fait habilement sonner: trois flûtes, quatre saxophones, cor, trois trompettes, ondes Martenot, deux pianos, célesta, percussions et neuf cordes. Préparée par son directeur musical, Toni Ramon, la Maîtrise de Radio France se montre digne héritière de la Maîtrise de la Radiodiffusion française pour laquelle cet opéra de chambre avait été écrit, avec, dans les rôles de l'enfant et du colibri, deux excellentes solistes.
Décidément placé sous le signe de la nouvelle génération - jusqu'à des enfants presque livrés à eux-mêmes au balcon, importunant parfois même les musiciens par leur agitation incessante - ce concert permettait également de faire plus ample connaissance avec Jakub Hrusa, le nouveau «jeune chef associé» de l'Orchestre philharmonique de Radio France (voir ici). Davantage que dans Pastorale d'été (1920), parenthèse radieuse au sein de la production d'Honegger, le Tchèque aura surtout convaincu dans Soir d'été (1906/1930), oeuvre d'un Kodaly alors âgé, comme lui, de vingt-quatre ans, et s'apprêtant à venir en France pour compléter sa formation: malgré un effectif réduit, cette idylle se déploie avec une sonorité généreusement postromantique.
Entre temps, passant du registre de l'évocation à celui de l'imitation, Les Oiseaux (1927) de Respighi - qui s'était déjà intéressé au sujet en incluant un enregistrement de chants d'oiseaux dans ses Pins de Rome - avaient bénéficié de belles couleurs orchestrales et, bien sûr, du merveilleux hautbois d'Hélène Devilleneuve.
Simon Corley
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