[Dijon] 2008 sera Turangalîlâ
Musique symphonique
SWR Sinfonieorchester
La Scène Musique symphonique Pays : FRANCE Région : BOURGOGNE Imprimer l'article Tous les articles de Joelle Farenc
Dijon. Auditorium. 31-I-2008. Olivier Messiaen (1908-1992) : Turangalîlâ-Symphonie. Roger Muraro, piano ; Valérie Hartmann-Claverie, ondes Martenot. SWR Sinfonieorchester Baden Baden und Freiburg, direction : Sylvain Cambreling.
« Un chant d'amour, un hymne à la joie, temps, mouvement, rythme, vie et mort », telle est la présentation du compositeur pour introduire sa monumentale Turangalîlâ symphonie. Ce vaste programme résume assez bien cette œuvre pleine de contrastes. Des moments de violence inouïe s'opposent dans cette symphonie à des passages d'une douceur poignante, des danses joyeuses aux rythmes recherchés contrebalancent des instants hiératiques. Cette œuvre est la transcription poétique des instants de l'amour, dont certains sont des moments de bonheur absolu qui confine au divin. Les titres déroutants, comme Joie du sang des étoiles, nous rappellent combien le compositeur a été proche de sa mère, la poétesse Cécile Sauvage, qui l'a élevé au milieu de la nature comme un « Français des montagnes ».
Grand expert de la musique pour piano de Messiaen dont il a enregistré l'intégrale de la musique pour clavier (Accord) et la partie soliste Des Canyons aux étoiles (DGG), Roger Muraro est, avec Pierre-Laurent Aimard, le plus important interprète de la redoutable partie pour piano solo de la pièce. On comprend aujourd'hui le sens des compliments que lui adressa le compositeur en 1988 en soulignant « sa technique éblouissante, sa maîtrise, ses qualités sonores, son émotion ». Le pianiste mérite ce jugement par ses cadences étourdissantes dès le premier mouvement, ou aussi par ses chants d'oiseaux délicats dans le Jardin du sommeil d'amour.
L'œuvre composée de dix mouvements comme une gigantesque suite est en fait parcourue de thèmes dont certains sont personnifiés par des pupitres, comme celui que Messiaen appelle le « thème fleur » donné par deux clarinettes veloutées « comme des yeux qui se répètent ». Les trombones énoncent d'une manière terrible le « thème statue » et de délicats soli de bois parsèment les mouvements Turangalîlâ 1 et Chant d'amour 2. Les ondes Martenot jouées avec sensibilité par Valérie Hartmann-Claverie chantent le dépaysement dans le Jardin du sommeil d'amour. La note d'exotisme est introduite par les percussions très variées qui témoignent de l'influence du gamelan balinais.
Cette œuvre brillante, lumineuse, irisée par le piano, est une sorte de tourbillon captivant. Sylvain Cambreling dirige avec précision et musicalité cet orchestre énorme et d'un très haut niveau. Le public dijonnais a unanimement été conquis par ce concert vraiment exceptionnel, qui s'intègre dans une tournée débutée à l'étranger ; celle-ci va se poursuivre à Paris et dans d'autres villes européennes.
par Joelle Farenc (02/02/2008)
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