FESTIVAL FRANKREICH AU KONZERTHAUS DE BERLIN
Le 3 mars 2016 par Léa Chalmont-Faedo
Pour clore le festival, le chef résident Iván Fischer a succombé aux charmes de la Turangalîla-Symphonie d’Olivier Messiaen, une partition post Seconde Guerre mondiale considérée comme le « tube » symphonique du compositeur français. La partition fut même chorégraphiée par Roland Petit pour l’Opéra de Paris en 1968. « Turanga » désigne le « temps qui court comme à cheval au galop » ou le « temps qui s’écoule comme le sable d’un sablier ». Messiaen compare le message de sa symphonie au philtre d’amour qui unit à jamais Tristan et Yseult. La partition exige un imposant orchestre symphonique, un piano solo (entre longues cadences et surprenantes apogées) et des ondes Martenot (instrument inventé par Maurice Martenot en 1928, qui offre une sonorité sinusoïdale toute particulière). Messiaen fait la part belle aux cuivres et aux percussions, tout en renforçant le nombre des trompettes.
Tendrement entouré par le célesta, le vibraphone et Valérie Hartmann-Claverie aux ondes Martenot, le jeu pianistique de Roger Muraro semble comme mûrir durant les 80 minutes de cette symphonie, interprétée cette fois-ci sans entracte. Celui que l’on nomme depuis les années 80 « l’interprète officiel » de Messiaen déploie un jeu qui colle si bien à la peau du compositeur français : à la fois strict et désinvolte, virtuose et coloré. Un concert ébouriffant de dissonances mélodiques, dirigé sous la baguette d’un chef qui mélange générosité et fantaisie avec justesse.