Musique classique : CD > [CD] Compositeur > Naxos > Varèse, pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore… [24/07/2008]
Edgar Varèse (1883 1965) : œuvres orchestrales : volume 2, Amériques, Ecuatorial, Nocturnal, Danse des Bourgeois, Tuning Up, Hyperprism, Un Grand Sommeil Noir, Density 21. 5, Ionisation. Elizabeth Watts, soprano ; Maria Grochowska, flûte ; Thomas Bloch, ondes martenot ; Chœur d'homme de la Camerata Silesia, direction : Anna Szostak ; Orchestre de la Radio Nationale Polonaise, piano et direction : Christopher Lyndon Gee. 1 CD Naxos. Référence : 8 557882. Code barre : 7 47313 28822. Enregistré en 2005 à l'auditorium Grzegorz Fitelberg de Katowice. Notice de présentation en : anglais et allemand. Durée : 67'14.
Avec ce disque se clôt l'intégrale de l'œuvre de Varèse sous la houlette de Christopher Lyndon Gee. Petit événement car il s'agit de la seconde intégrale (après celle de Riccardo Chailly pour Decca) à proposer la version originale d'Amériques dans l'édition de Chou Wen Chung, mais surtout, cette somme rend disponible à prix modique l'œuvre d'un des géants de la musique moderne et contemporaine.
La première version d'Amériques ; Americas, New Worlds de Varèse date de 1921. C'est sa première œuvre depuis son installation à New York. Selon le compositeur, le titre devait être « symbolique de découvertes-nouveaux mondes sur la terre, au ciel, ou dans l'esprit des hommes ». Fasciné par le magma sonore de la grande ville et en particulier par les sirènes de pompiers qu'il utilise dans la partition, le compositeur a créé ici une pièce hors normes qui convoque, lors de sa création, en 1926, un effectif instrumental démesuré de cent quarante deux musiciens dont onze percussionnistes !
La première audition de la pièce, sous la baguette du grand Leopold Stokowski, est l'aboutissement de seize répétitions, et le concert est accueilli par un mélange de rires et de huées tant à Philadelphie qu'à New-York. Peu en importe au compositeur qui s'avère ravi d'entendre sa musique si bien interprétée et de voir validé ses radicales options instrumentales. Le rythme et les dynamiques saccadées de la partition alternent des « arrêts subits », des « intensités brusquement coupées » et des « crescendos et des diminuendos extrêmement rapides ». La pièce culmine dans une coda véritablement cataclysmique qui fusionne toutes les énergies. Une nouvelle version réduite d'un bon tiers et limitée à un orchestre plus réduit est présentée en 1930 à Paris. Elle nécessite tout de même : neuf percussionnistes, les bois par cinq, 8 cors, 6 trompettes, 3 trombones, 2 tubas...Toute exécution de la version originale reste naturellement un événement. L'atout de ce disque réside dans la direction directe mais très solidement construite. Le chef mène sa barque avec talent et attention permettant à ce volcan sonore de prendre forme, c'est peut être un peu sec, mais très efficace. L'orchestre de la radio polonaise n'a pas l'éclat des timbres du Concertgebouw d'Amsterdam de Riccardo Chailly mais il est rompu à la musique de son temps et sait faire fis des nombreux défis techniques de la pièce.
Les petites partitions proposées en complément bénéficient d'une attention identique sous une battue toujours précise et pugnace. Donc, les données sont simples : les varésophiles continueront à chérir le coffret Chailly, mais tous les autres n'ont désormais aucune excuse pour ignorer dans leur discothèque ce grand compositeur.
par Pierre-Jean Tribot (24/07/2008)